J14... 21 Mai.

Départ tranquille ce matin vers 8h30, on avait besoin de se reposer avant d'attaquer cette avant dernière étape. On part sous le soleil et on commence par une longue et lente descente, sur du rocher d'abord puis sur un chemin en forêt. Le problème depuis 4 jours c'est le genou d'Emmanuel, à priori douleur tendineuse mais aussi les cartilages et là on y peut pas grand chose. On descend donc plus doucement que d'habitude et on s'arrete plus fréquemment. Il y a pour réaliser cette étape une "variante" Alpine qui permet de passer par la crête juste au pieds des Aiguilles de Bavella. Mais c'est 3h de plus et c'est très raide...donc on va rester sur le chemin traditionnel et c'est déjà très bien car assez fatiguant comme ça.

Le spectacle est toujours aussi beau et redevient minéral comme dans la partie Nord du GR. Une grande partie de la matinée nous allons marcher en courbe de niveau sur un sentier qui va alterner de la forêt de pins maritimes et de bouleaux et du maquis. Avec le soleil du jour, les senteurs remontent et on en prend plein les narines!! Notre chemin nous fait passer au pieds des Aiguilles tout en faisant un demi cercle pour les contourner. Avec les nuages qui y sont accrochés c'est splendide.

Vers 13h on s'arrête, fatigués,sous le col de Bavella pour notre déjeuner campagnard Corse(Lonzo et fromage de brebis). Nous profitons du spectacle de la nature, de sa beauté naturelle et du "silence"seulement troublé par le chant des oiseaux et du vent. Après cette pose réparatrice on termine la montée abrupte sur le col et là... on a un peu un choc de civilisation!! Il faut juste se mettre dans le contexte de la randonnée et des 15 derniers jours pendant lesquels on a pas vu grand monde et pas été confrontés à autre chose que la nature dans son fonctionnement... Et d'un seul coup en arrivant à ce col, on tombe sur un lieu touristique et commercial avec des dizaines de cars de touristes, et en cette saison on est dans le 3ème âge bien avancé, dont la préoccupation majeure, outre de vouloir faire une belle photo des Aiguilles, est de manger et boire un bon coup, c'est dans le tarif du voyage organisé!! Et à l'heure où l'on passe, on les voit sortir des restaurant et autres pizzérias un peu "fatigués" du déjeuner!!

En bon sauvage que je suis je me sens agressé par cette foule de touristes qui parle de ses chaussures et des pommes qu'ils ont mangé cet hiver ( véridique...) alors qu'on a un spectacle unique sous les yeux...j'envoie même "balader" Emmanuel qui me pose une question sans m'en rendre compte... On ne s'éternise pas et on traverse le Hameau de Bavella au plus vite et on se sauve en forêt tel deux vieux Ermites pour retrouver notre quiétude de randonneur. Le seul bruit qui nous accompagnera les 2h suivantes sera celui de notre respiration qui est calé sur nos pas dans la dernière montée de la journée. Ce n'est pas qu'elle est plus difficile que ce que l'on a fait jusqu'à présent mais aujourd'hui elle nous parait interminable, comme la descente très raide qui nous permettra d'arriver au refuge d'ailleurs. Consolation, la vue imprenable que l'on a du col Finosa vers 1200m car on a à la fois une vue sur les Aiguilles de Bavella, le golfe de Porto-Vecchio et la Sardaigne au loin le tout dans un paysage de Massifs pierreux extraordinaire, un pur moment de bonheur visuel.

A l'arrivée au refuge, rituel maintenant traditionnel de douche à l'eau froide du torrent, petite lessive et pour une fois boisson fraîche sur la terrasse de la maison du gardien que l'on un peu "dérangé" pendant sa pause sur son transat au soleil, c'est dur la vie!!

On profite du moment et de la vie qui passe avec le panorama qui nous entoure, demain c'est notre dernière étape et la fin de notre périple en Corse. Encore une soirée tranquille, fraîche pour la saison et on dînera d'un plat de pâte et de sanglier préparé par notre gardien. Un groupe de randonneurs du style "team building" arrivera tardivement mais sans nous perturber dans notre repos bien mérité. On savoure notre dernière nuit en refuge. Dehors c'est les cloches des vaches qui broutent aux alentours qui nous bercent et nous accompagnent dans nos rêves Corse.