Journée tranquille avec 21km au programme et sans trop de dénivelés. Par contre il ne fait vraiment pas beau, voir froid ce matin. D'ailleurs c'est un signe, tout le monde à remis soit une polaire soir une veste de pluie pour marcher, il y a un désagréable vent du nord, donc des Pyrénées, qui souffle par moment et même si on passe par des chemins dans la forêt, c'est pas chaud. D'ailleurs il suffit de regarder les photos pour comprendre que c'est pas l'été ici. Quand je pense que je croyais être gêné par la chaleur...

Pourtant des le départ pour ceux qui en ont envi,on peut se réchauffer à la fontaine à vin mis à la disposition des pèlerins par les broderas d'Irache juste à côté du monastère...

Ayant encore le goût de mon thé et la banane que j'ai mangé ce matin, je zappe la dégustation... Toute la matinée nous allons serpenter à travers la campagne sans pratiquement croiser, sauf au début de route. Et toute la matinée nous allons croiser des vestiges du passé, Château, monastère, ancien hôpital. C'est aussi l'histoire de l'Espagne que je regarde et que je découvre.

Avant d'arriver à Villamayor de Monjardin, on passe devant une belle citerne Gothique, très profonde et qui garde de l'eau fraîche toute l'année. Il parait qu'elle est propre car une truite y nage... Je n'ai pas essayé!

Passé ce village, nous nous enfonçons dans l'immensité des champs...plus rien que le chemin, des pèlerins et rien que la nature autour. Les vignes sont de plus en plus présentes. Ce long chemin durera près de 3h pour nous amener au but de l'étape à Los Arcos. Joli village un peu au milieu de rien, qui a garder un très beau cachet ancien.

Comme il n'y a qu'une place, 2 boulangeries un magasin d'alimentation et un café, tout les pèlerins se réunissent au même endroit. C'est très sympa car il y a un groupe informel qui s'est créé avec tous ceux qui avancent sur la base des même étapes. Donc on se croise sur le chemin, on se parle et on se retrouve pour une pause ou à la fin de la journée.

Cet après midi j'ai retrouvé Serge le québécois, Michel le vosgien, on a pris une petite bière ensemble, on a papoté au soleil qui est enfin sorti. On a discuté avec un professeur Americain qui est avec un groupe d'étudiants de Salt Lake City et avec qui on "marche"depuis Roncevaux. Ils sont très sympa . Et en rentrant à mon auberge, qui est pleine de toutes les nationalités, on doit être 4 Français, je me mêle à la conversation d'une famille québécoise avec deux ou trois plaisanteries/moqueries...mais oui je sais faire aussi, qu'ils me renvoient illico et on rigole franchement un bon coup... L'ambiance est à la détente pour tout le monde car l'étape du jour n'était pas dure, par contre demain on reprend un rythme plus soutenu pour rejoindre Logrono, avec 29km au programme. Mais d'ici là on a encore le temps de rigoler...

Je vais essayer de charger les photos du jour sans l'église qui comme d'habitude est fermée jusqu'à 17h...et comme j'ai choisi de boire une bière avec mes amis plutôt que de faire la visite tout de suite, j'y retourne de ce pas...

Bon dimanche à tous

Ps: C'est bon les photos sont à jour et ça charge...

Hier soir j'ai dîné avec Serge, le québécois rencontré à Roncevaux avec les Groenlandaises. On a discuté jusqu'à 22h de tout et de rien. De la vie en général et de la sienne en particulier, de l'éducation qu'il faut donner aux enfants, de l'envie de faire les choses et de la volonté de les finir. Et puis du Canada son pays qu'il adore. Saviez vous que d'Est en Ouest ce pays fait 5700km, et que pour venir de Québec a Toulouse pour faire le Chemin, son avion a parcouru 5600km... Bref on a causé et c'était très sympa, franc et naturel comme peuvent l'être les canadiens.

Après une bonne nuit sans concert à trois nez...réveil en douceur même si mes voisins Espagnols de chambre, se sont levés comme d'habitude à 6h du matin...je n'arrive pas a comprendre pourquoi ils se lèvent si tôt et partent si tôt? D'accord ils ont des petites jambes et en partant 1h après eux j'arrive avant eux a la fin de l'étape, mais quand même!!

Bref je traîne dans mon lit et c'est très très bon...mais comme les meilleures choses ont une fin à 8h je suis sur le chemin avec mon sac "allégé" sur le dos ( j'ai bien donné 1kg hier à Sylvaine et Éric) . Début de matinée très fraîche, même pour les cigognes qui niches en haut du clocher d'une des églises de Puente la Reina. Je suis parti en teeshirt mais franchement c'est très frais...

Depuis hier la végétation a changé et on commence à rencontrer des vignes, on est sur la route du vin. Ça monte et ça descend encore pas mal avec quelques "escaliers" à passer, ça réchauffe... Je laisse derrière moi les crêtes de Navarre avec leurs forêts d'éoliennes, pour faire face au loin à des falaises abruptes. La journée se terminera à leurs pieds.

La grande différence avec la partie Française du chemin, c'est que les villages que je traverse sont vivants. Il y a un bar pour prendre son café, une boulangerie pour acheter son pain, une fontaine pour remplir sa bouteille d'eau...et des armoiries presque sur toutes les maisons...bref tout pour rende heureux le pèlerin esseulé que je suis. Car ce matin pas de Français à l'horizon, il doit faire trop froid ils sont restés à l'auberge ou à l'hôtel!

Ce n'est que vers 10h30 que le ciel va s'éclaircir et laisser passer un soleil généreux, même si le vent est lui toujours présent... Notre chemin est bordé de fleurs et c'est très agréable de marcher, d'autant que les senteurs sont aussi présentés. Il y a des murs de thym en fleur, j'en prend une belle poignée et mien frotte les mains avec et ça sent bon!!

Au décours du chemin je rattrape un groupe de Coréens avec qui je discute un peu, on se prend en photo pour se souvenir qu'on s'est rencontré...Séoul/Paris à Estella en Espagne!

Toujours de vieux et beaux ponts sur la route et tranquillement j'arrive à la ville de l'Etoile, Estella. Je cherche un peu ( merci le commissariat car les gens d'ici m'ont un peu promené à droite et à gauche en pensant que ...) et j'arrive à mon auberge de jeunesse qui va m'accueillir pour cette nuit. Les gérants sont charmants et m'expliquent quoi voir, où aller pour boire et manger....sauf, mais je devrais le savoir, que la ville s'éteint entré 13h et 16h30... Plus personne dans les rues, et on est pas encore en été...les magasins sont fermés bien sur, sauf le petit restaurant espagnol qu'on m'avait indiqué. Après déjeuner petite visite en "solo" de la ville qui est très jolie et bien plus agréable que Puente la Reina.

Comme il y a en gros une église tous les 100m je décide de prendre un peu de hauteur et de faire un tour d'horizon photographique pour vous montrer à quoi ça ressemble. De toutes façons les églises c'est comme le reste, elles font la sieste jusqu'à 5h, et je n'ai pas l'intention de refaire un tour de ville ce soir, car je dors en haut de la ville, et les cotes c'est le matin...plus le soir!!

Demain comme c'est samedi je crois, encore un petite étape de 21km, c'est bien car après on reprend le rythme des 28 km pendant quelques jours, il faut se préserver.

Une dernière chose importante, aujourd'hui j'ai refait les comptes et j'ai franchi les 1000km. Encore 700km et 26 étapes...je n'en reviens toujours pas!!

Avant de raconter la journée, il faut que je raconte un peu la soirée et la nuit à l'auberge...

Je vous avais dit que nos amis Espagnols avaient pris d'assaut la cuisine pour préparer leur repas. En fait il y avait 2 "groupes" de 5 et 7 hommes qui se connaissaient mais qui ne mangeaient pas ensembles, je pense que la taille de la cuisine ne devait leur permettre de préparer la tambouille pour 12 personnes. Donc quand le premier groupe a fini de préparer les patatas et les saucisses, le second à pris le relais pour le chorizo , le lard avec les oignons, des saucisses, etc... Près de 2h monopolisée par nos amis la cuisine... Et un boucan, on aurait cru un hall de gare tellement il parlait fort. J'ai quand même fait des incursions forcées dans leur territoire, ça les a fait rigoler et ce matin en les doublants sur le chemin, j'ai eu droit à un beau" holà Ombré, buenos dias" avec un large sourire...

Bref des que l'on a pu approcher du micro onde et de la cuisinière chacun a pu faire sa petite cuisine et dîner tranquillement mais sans partage particulier. À l'extérieur le soleil a accompagné cette fin de journée ce qui a permis à nos amis Espagnol de sortir les cartes, et ce que je décrivais comme un hall de gare plus haut, n'était rien par rapport à la partie qui se jouait dans le jardin, un spectacle à eux seuls!!

Le dortoir était plein ( 11 et non15 comme dit hier). Il était un peu tôt pour se coucher, ce qui n'a pas empêché notre Japonais ( il a un certain âge mais ce n'est pas facile de juger avec un asiatique) de se mettre dans son duvet vers 19h30 et de commencer à ronfler vers 20h15... Donc le Japonais ronfle! Et il ne sera pas le seul cette nuit... Peut être moi d'ailleurs, mais honnêtement je ne pense pas, mes sinus sont bien nettoyés ces derniers temps...mais bon on ne sait jamais. Par contre la Canadienne qui dormait à côté de moi, elle s'en est donné à cœur joie, ainsi qu'un Allemand un peu plus loin. Tout ceci nous a donné un beau concert en décalé pédant une bonne partie de la nuit. Et encore, j'avais mes bouchons dans les oreilles.

Comme toujours il faut voir le côté positif des événements, je porte un duvet accroché sous mon sac a dos et j'ai bien dormi dedans, il est confortable et chaud( presque trop) et le côté colonie de vacances avec tout le monde qui dort ensemble est très sympa.

Par contre le réveil l'est un peu moins. Nos amis Espagnols, encore eux, se lèvent tôt pour partir et arriver les premiers au gîte suivant...donc à 5h45, ils se sont levés...et quand ils se lèvent ils parlent...comme dans la journée. Donc tout le monde se réveille, merci!! J'ai bien traîné un peu dans mon duvet, mais bon la lumière est allumée, tout le,monde range ses affaires et prépare son sac, donc je me lève aussi.

L'étape du jour faisant 20km, je ne me presse pas sinon je vais arriver à la prochaine auberge avant que les précédents locataires soient levés... A 7h15 l'auberge est vide au trois quart, je n'en reviens pas. J'ai le temps de me faire mon thé tranquillement e finalement je pars pour 7h45, ce qui doit être mon heure de départ le plus tôt depuis le départ je crois.

Le chemin est large et on monte sur la Sierra del Perdon qui nous permet de voir une dernière fois les Pyrénées, mais sous les nuages. Au sommet on passe devant d'autres "Pèlerins pour l'éternité" . A partir de là on va descendre d'abord sur Uterga puis Obanos et enfin arriver à Puente de La Reina. Au cours de cette descente du côté d'Uterga, on croise les premiers Oliviers et surtout on est transporté par les odeurs des plantes aromatiques qui embaument le chemin, c'est un vrai plaisir.

Heureusement que je ne suis pas parti à 7h du matin...à 11h45 je suis devant mon auberge qui n'ouvre qu'à midi. J'en profite pour faire mes étirements... Je prends une chambre(seul pour cette nuit histoire de dormir un peu..) une bonne douche et je téléphone à Sylvaine et Éric qui sont en vacances à Saint Jean de Luz et qui m'ont fait la surprise et le plaisir de me rejoindre. On va passer une partie de l'après-midi ensemble, visiter et papoter. Ils sont aussi messagers car j'ai une petite enveloppe d'Anne-Marie avec un mot et du chocolat... Et comme les messagers ne repartent jamais à vide, je leur confie un sac d'affaires "inutiles" dont mon iPod. Comme je leur ai expliqué, je n'ai plus besoin de cet accompagnement sonore. La "musique" de mon environnement quotidien me suffit amplement, du vent aux oiseaux, du torrent ou du ruisseau aux discussions avec les pèlerins du chemins. Et j'ai même encore le temps de réfléchir...

Puente de la Reina me déçoit un peu... D'abord il pleut, la ville est soit endormie soit tout est fermé, en tous cas pas beaucoup de vie. L'église de Santiago est très belle avec un splendide portail un très beau retable( même si il n'est pas aussi grandiose que ceux de Pamplona) et surtout la très belle statut de Saint Jacques Pèlerin. On déambule jusqu'au pont médiéval du XI ème siècle à 5 arches évidées en leurs centres. Je crois qu'il y en a 2 autres sur le chemin...

Mais il est déjà l'heure de se quitter et Sylvaine et Éric reprennent leur voiture pour rentrer. Ils feront des grosses bises aux amis de Maurepas à leur retour. Je les regarde partir avec un peu de "nostalgie" mais également content d'avoir pu partager ce moment et avec eux et aussi parce que je n'ai pas terminé mon voyage...

Demain après une bonne nuit, et un buffet de crudité ce soir au dîner ( petit bonheur simple mais réel), je pars pour Estella. Étape de 23km, donc courte pour moi. Je prendrai mon temps pour me lever et pour marcher, ce soir je dors seul!!

Départ tranquille à 8h du matin. Il fait humide mais la météo n'annonce de la pluie que pour l'après-midi sur Pamplona. Comme il fait déjà tiède, je pars pour une fois en teeshirt directement. Le sac me parait lourd ce matin, la fatigue sans doute. Je ne charge plus autant d´eau au départ car maintenant on en trouve facilement sur le parcours.

Comme tous les jours la journée commence par un petit chemin en sous bois, une ancienne Abbaye, un pont médiéval...la routine des belles choses quoi!!

Je ne suis pas mécontent d'être parti de bonne heure car le chemin ne transforme vite en sentier et il est déjà difficile de marcher seul sur un terrai glissant et étroit, j'imagine qu'il va y avoir des embouteillages un peu plus tard... De plus malgré ma réservation et mon appel d'hier soir pour confirmer ma venue, la dame au téléphone m'a dit d'arriver de bonne heure!! Tradition espagnole sur le chemin, tu arrives rapidement pour être certain d'avoir un lit et le choisir... Ça va qu'aujourd'hui que je suis naturellement devant tout le monde, mais je ne vais pas faire la course pour arriver, je laisse les locaux courir...

Comme on passe de sous bois en sous bois, il n'y a pas grand chose à vous montrer avant Pomplona. Je fais une petite pause café à Villava au dixième km et j'en profite pour avaler un petit sandwich local, tiède au jambon de pays et fromage sans oublier quelques poivrons cuits à l'huile d'olive, bien sur... Ça se mange très bien!!

Finalement, j'entre dans Pamplona vers 10h, j'ai sans doute été un peu rapide sur la première partie de mon parcours... Mais du coup j'ai le temps de me promener dans la vieille ville dans laquelle je rentre par la porte de France. Petite déception car même si la ville est très belle, elle est en totale rénovation. Cela gâche un peu le plaisir mais tous les quartiers ne sont pas encore touchés et on peut "sentir" la ville.

Je visite la cathédrale qui est vraiment une merveille. On comprend aussi la puissance de l'église en Espagne... D'ailleurs l'entrée de la cathédrale est payante, même si les pèlerins payent 3€ au lieu de 5€... Mais c'est très très beau!!

Je déambule après ma visite dans la ville. Il y a plein de touristes, j'en suis étonné. Puis tranquillement je reprends le chemin, ce qui n'est pas difficile ici car tout est fait pour que les pèlerins retrouvent facilement le chemin même en plein centre ville...Ça fait la différence avec les villes Françaises.

Apres avoir longé le campus de l'université de Navarre, qui est superbe, et avoir fait tamponné mon crédential à l'université ( on voit bien qu'il y a une culture du chemin ici), je me dirige vers mon gîte pour ce soir.

Il s'agit d'une auberge "privée" comme on en trouve ici, mais il ne faut pas croire qu'on est dans le luxe et la luxure... Dortoir de 15 personnes, lits superposés, douches et toilettes communes (hommes et femmes séparés sur ces deux parties tout de même), par contre pas dans les dortoirs... Je sens que ça va être bruyant cette nuit, je n'ai plus l'habitude depuis l'armée, et encore je vous promets que les chambrées étaient plus grandes...

Ce soir je fais ma popote dans la cuisine commune, d'ailleurs il est 17h et les espagnols, toujours aussi bruyants, ont investi les lieux et préparent déjà leur repas...

Demain étape de 20 km pour rejoindre Puente la Reina qui est la ville où définitivement les chemins Aragonais et Navarrais se fondent en un seul pour devenir le "Camino Frances" .

Je ne sais pas si j'aurai du wifi demain car je suis encore dans une "auberge Espagnole"...et c'est bien connu on ne sait jamais ce qu'on y trouve!!

Départ tranquille ce matin à 8h30 après un bon petit déjeuner avec du jus d'orange pressé...on est en Espagne quand même.

Le temps est à la pluie et le col est complètement bouché. Il pleut là-haut, ceux qui passeront aujourd'hui n'auront pas notre chance d'hier et la vue que l'on a eu. Et en plus ils seront rincés, chacun son tour, oui je sais c'est pas gentil!!

Au programme de la journée donc, 27km avec encore du dénivelé "casse pattes". Environ 500m en positif mais comme hier sur des "coups de rein" donc ça va chauffer...et 800m en descente, et ça aussi ça casse les articulations et les pieds...

Un bon chemin commence toujours par un chemin en sous bois...la forêt est humide et ça sent très bon. On est à la fois avec du sapin et des chênes, il y a des dégradés de vert superbes.

Les groupes se sont formés et tout le monde avance à son rythme. Ah oui au fait, j'ai oublié de le préciser hier, mais comme aujourd'hui ça recommence, il faut que je vous dise...

Donc on a des groupes plus ou moins "grands" environ de 2 à 6 personnes. Ça papote un peu en marchant c'est normal...mais c'est incroyable le nombre de femmes qui parlent, et qui parlent, on entend qu'elles. Hier dans la montée, il y en avait deux, c'était les plus fortes... Non seulement elles parlaient en marchant dans la côte, mais en plus de temps en temps elles s'arrêtaient pour donner un argument qui ne devait pouvoir se comprendre qu'à l'arrêt, et elles repartaient de plus belle à marcher et à parler. Et quand je me suis arrêté pour déjeuner dans la forêt, la montagne semblait raisonner des conversations féminines...je n'en revenais pas. Bref ce matin c'est pareil et en plus les espagnols sont présents maintenant sur le chemin et ces dames sont très bavardes également. Surtout ne voyez pas dans ce descriptif un discours sexiste, c'est juste un constat...

En parlant de constat, on est peu de français sur le chemin, c'est sans doute pas la saison.

A ajouter aux nationalités présentes, un brésilien aujourd'hui ainsi que 2 autres québécois. J'ai retrouvé Serge le canadien d'hier soir un peu à la peine sur un raidillon et mes deux groenlandaises assises à une table pour la pause de 10h!! Tout ce petit monde s'interpelle et se fait des grands signes, c'est vraiment très sympa et naturel.

Je fais un bout de marche avec un Français de Haute-Loire à côté de Brioude. On avait des amis qui habitaient à Lamothe, un village à 5km de Brioude d'au moins 70 habitants, dont 3 bandits marseillais en planque ( si si c'est vrai, c'est une base arrière de la cote pour se mettre au vert). Forcément il connait bien ce village, car il est membre d'une association de randonneurs qui fait vivre et organise tous les GR d'Auvergne... Ils sont plus de 200 à s'occuper des chemins de randonné et à les entretenir. Ils font même le repérage pour la localisation GPS...j'ai appris plein de choses avec lui.

Le chemin se poursuit à travers la forêt essentiellement et on ne voit pas très bien le paysage. Pas de reportage "Géo" aujourd'hui... Juste quelques photos d'ambiance de la Navarre Espagnole.

Sans trop forcer j'ai passé le plus difficile tranquillement, je fais la descente en souplesse pour ne pas tomber, au sol c'est des grosses plaques de pierre un peu glissantes avec l'humidité, et pour ne pas m'abimer les pieds et les tendons.

Le gros des marcheurs s'est arrêté à Zubiri, 5km avant ma fin d'étape que je finis avec les Coréens d'hier. Ce soir je dors et mange chez "l'habitant" dans une petite pension familiale. C'est très propre et très fonctionnel, on voit qu'ils ont l'habitude. Dans le village, il n'y a rien a voir, sauf quelques vieux porches et vielles portes.

Demain petite journée pour traverser Pampelune tranquillement et terminer ma journée dans un refuge privé 5km plus loin. D'ici là un peu de repos car comme dit la chanson; 950km à pieds ça use, ça use ....

Pas très bien dormi, encore des soucis de barreaux au bout du lit et sans doute un peu nerveux pour cette journée de montagne. Ce n'est pas tant le kilométrage que le dénivelé qui fait que je suis "concentré", surtout avec mes 15kilos du sac.

Dès 8h je passe la porte d'Espagne en direction de la route Napoléon. C'est en effet la route des campagnes Napoléoniennes qui nous permettra de sortir de Saint Jean Pied de Port. La ville est encore endormie dans la brume et les nuages, il fait donc très frais pour partir, mais comme on attaque tout de suite un "escalier" pendant au moins 1 km, je fais une pause pour retirer ma Gore-tex, je suis déjà en eau...et ce n'est que le début.

La route est une suite ininterrompue de randonneurs et de pèlerins partis tôt ce matin avec le beau temps. Au fur et à mesure que j'avance et que je prends de la hauteur, je découvre un spectacle inoubliable. La vallée est encore dans la brume qui doucement se dissipe. Déjà au loin on peut voir certains massifs enneigés ...pas de soucis on va s'en approcher.

La difficulté de la journée réside dans les 12 premiers kilomètres, avec des portions très raides entre le 3ème et 8ème. Le pas se fait lent et court, je retrouve mes réflexes de chasseur alpin. Ce n'est pas le Mont Blanc comme avec Emmanuel, mais bon ça grimpe!!

Ce qui est intéressant sur ce chemin, c'est qu'on voit toutes sortes de personnes, il n'y a pas de morpho-type précis, ni d'âge d'ailleurs aujourd'hui. On voit des "enveloppés", des longs, des courts, des avec des gros mollets et des riquiquis... Quant aux nationalités, c'est l'ONU...Allemands, Anglais, Australiens, Belges, Danois, Japonais, Coréens, Italiens, Espagnols, Français bien sur, Suisses...Ça c'est seulement ceux avec qui j'ai pu échanger! Mais oui je parle, et avec tout le monde...De toutes façons tout le monde se parle sur le chemin, on se dit bonjour, on se dit encore un effort, on demande si ça va, on dit la chance que l'on a avec le temps, que le spectacle pour les yeux est magnifique, et d'où on vient et jusqu'où on va... Bref on se parle malgré l'effort. Et ce n'est pas en montée qu'il est le plus facile de regarder la vue que l'on a , mais je suis en forme et je lève mon nez pour m'imprégner la rétine de ce qui m'entoure. Et aussi pour faire quelques belles photos qui tenteront de retracer cette étape et la partager avec vous.

Vers 10h, une petite halte dans un refuge est la bienvenue. Un grand café bien sucré, le plein d'eau dans la bouteille et c'est réparti pour la montée. Ici on croise des vaches qui semblent dire aux passants que nous sommes, "faites moins de bruit svp, je bronze et je dors"... La copine de celle qui bronze sur la photo était allongée dans l'herbe grasse et elle ronflait, je vous assure, elle ronflait!!

La route continue sa progression vers le premier col. En fait on part de Saint Jean a 200m environ, on passe un premier col à 1344m, on redescend vers 1200m et on remonte à 1430m pour arriver à Roncevaux à 950m... C'est pas mal quand même!!

Ici dans les "alpages" les chevaux "pottok" sont en liberté et semblent même garder les moutons. Après une dernière halte tenue par un fermier du coin, cette route permet aussi de faire un peu d'argent directement aux locaux, c'est même très organisé... Cela étant je lui ai achete du fromage que j'ai grignoté à mon arrivée, un brebis...je m'en lèche encore les doigts... On fait des échanges d'appareil photos avec tous ceux qui s'arrêtent...et je reprends l'ascenseur...

Il fait chaud, il faut boire et la Fontaine de Roland nous donne une eau des montagne bien fraîche qui fait un bien fou. Peu après on passe la frontière et je rentre en Navarre, une des 4 provinces espagnole du pays Basque (3 en France). La neige est bien présente sur le bord du chemin et je suis bien heureux de faire cette traversée des Pyrénées aujourd'hui. La semaine dernière les cols étaient fermés et le chemin impossible sauf par la route pour les inconscients. Pause déjeuner au soleil sous les arbres. Les pieds à l'air je déguste mon sandwich du Berger dans lequel la vendeuse a doublé les doses de jambon et de fromage en voyant ma taille...il faut bien quelques avantages!!

Ça y est on passe les cols et je découvre Roncevaux et sa vallée. C'est superbe, les photos parlent toutes seules. La descente n'est jamais un moment très agréable pour les pieds et les jambes, mais l'idée que je suis bientôt arrivé et dans de très bonnes conditions ( je vais taire le temps que j'ai mis pour faire ces 27km...) me fait très plaisir.

Apres une visite au monastère je rejoints mes amis Thomas le suisse et Paul le parisien pour une bonne bière bien fraîche et bien méritée. Ils repartent ce soir pour Saint Jean et rentrent chez eux, je suis un des rares à continuer jusqu'au bout le chemin...

Buen Camino...et à un jour peut être...

Demain de reprends ma route, sans doute sous la pluie qui s'est mise à tomber depuis 10 minutes... Dommage le soleil c'était bien!!

PS: Je reprends un peu mon récit après mon dîner. Repas du pèlerin pour 10€ ; soupe, truite avec des frites et un esquimau à la vanille. Du fromage j'en ai dans ma chambre et un peu de vin et surtout de nouveaux amis pour les prochains jours. Les représentants à l'ONU sont plus nombreux, en plus d'un Albigeois, un Canadien de Québec, et deux Groenlandaises dont une est Inuit d'origine et elle fait partie du parlement Groenlandais... J'ai fait le traducteur en anglais avec le québécois comme de bien entendu qui ne parle pas anglais, l'albigeois et nos deux amies du grand nord... C'était drôle comme tout. Les jours prochains même si il pleut seront très sympa je crois.

Voilà cette fois-ci c'est tout. J'essaye de charger des photos mais ça semble passer difficilement

Après le chants basque d'hier soir, l'ambiance ce matin était toujours aussi détendue ce matin au petit déjeuner. La nuit n'a pas été fameuse, le lit était certes petit mais surtout avec des barreaux au bout, et ça c'est pas top quand on fait plus d'1,90... Mais bon la journée n'est pas trop dure avec ses 23 km.

Le départ se fait un peu groupé car de toutes façons le petit déjà se termine à 8h et on doit rendre les chambres pour la même heure. Donc tout le monde est prêt pour partir. Une partie du groupe, beaucoup de dames, font du portage avec leurs bagages. Je m'étais étonné hier soir de voir des valises devant le gîte et surtout toutes ces dames "pomponnées" pour le repas. C'est sur que moi je fais plutôt Ours avec mes tenues, encore qu'hier soir j'avais mis mon pantalon de réserve tout propre (merci Christine...).

La température est idéale et je pars directement en teeshirt. C'est un peu juste au départ, il n'est que 6h au soleil, mais le sac sur le dos tient chaud... Il y a une jolie brume sur les vallées, c'est juste superbe et elle se lève au fur et à mesure que j'avance.

Depuis Saint Palais et le regroupement des 3 chemins, il y a beaucoup plus de pèlerins sur le chemin. Chacun marche à son rythme et moi sans forcer le mien qui est tranquille, je suis rapidement devant une petite troupe qui en fonction de la largeur du chemin s'étire en file indienne ou en petits paquets de 2 ou 3. Pas de musique depuis quelques jours car la météo était trop exécrable, mais il n'y en aura pas non plus aujourd'hui car je crois que cela viendrait troubler l'appréciation de la beauté des paysages et des oiseaux qui m'accompagnent. Pas besoin d'opéra musical pour déguster celui de la nature basque.

A mi parcours, à Gamarthe, je fais une petite pause dans une ferme qui offre aux pèlerins un café, du fromage, du yaourt à boire et des gâteaux basques, tout fait maison bien sur. On mange ce qu'on veut et on laisse dans une boîte à gâteaux ce qu'on veut. Le fromage, produit à la ferme est délicieux et pour moi qui adore le fromage, ne pas repartir avec une tome est un sacrilège... Sauf que là c'est moi qui porte!!

Un bon quart d'heure plus tard, le soleil à fait s'évaporer la brume qu'il y avait devant moi dans la vallée et je reprends ma route. On discute avec d'autres pèlerins et chacun reprend son pas. Je fais quelques belles rencontres avec des "Romuald" ( voir la série de BD dont je suis fan, Le Génie des Alpages de Fmur...) Ceux là ont l'air tranquilles comme ça parce qu'on est dimanche, mais je ne voudrais pas les énerver de trop non plus!!

Je rencontre également un groupe de "pèlerines" de retour de Saint Jacques, elles ont l'air paisibles et heureuses!! Il y a toujours de très beaux rapaces, des buses je pense, qui ne passent jamais très haut, c'est l'heure du déjeuner au château et sur ses terres...

J'arrive déjà en fin de matinée près de Saint Jean Pied de Port. A Saint Jean le vieux je me pose pour déjeuner et je discute avec, pour une fois, 2 jeunes d'environ 30 ans, qui sont partis de Bourges et qui campent... Normalement il passent en Espagne mais après il verront.

Les Pyrénées se rapprochent et les sommets sont de plus en plus présents...ça c'est pour demain, mais je me demande vers quel côté je devrais partir, et j'espère que les cols ne seront pas trop durs à passer.

Me voici enfin arrivé à Saint Jean Pied de Port et sa porte Saint Jacques...je n'en reviens pas. J'ai fait 900km depuis mon départ, je me retrouve au pied des Pyrénées, il fait beau et j'ai passé une journée magnifique. Je sais aujourd'hui que j'ai jeté mes cailloux et que je ne transporte que du plaisir. Je suis serein comme je ne l'ai jamais été. L'effort a produire n'est plus le même, car je suis léger dans ma tête et mes jambes répondent parfaitement aux sollicitations du chemin. Les paysages que je traverse, et ce n'est pas fini, sont magnifiques et j'ai ce précieux temps qui manque toujours pour en profiter pleinement.

Apres le rituels de l'arrivée, Douche, crème , étirements, lessive, boire...je vais me promener en ville. On entre par la porte St. Jacques, au quitte la vielle ville par la porte Notre Dame pratiquement au milieu et on part en remontant la rue d'Espagne pour sortir par la Porte d'Espagne.

Je fais quand même le tour de la citadelle avec son chemin de ronde et ses 269 marches...comme quoi rien de me fait peur! Et je me pose sur des marches pour manger une double glace Pistache/Caramel salé au soleil et profiter du temps présent, et c'est délicieux...

Demain départ vers 8h, afin de prendre mon temps dans la montée des 2 cols. Je sais que tout ira bien. Je vous raconterai!!

Bonne semaine à tous

Réveillé ce matin avec les moutons et leurs cloches, il y a pire comme réveil... Et en plus je ne suis pas pressé, alors je "trainasse" au lit jusqu'à 8h du matin, c'est bon!! Après un bon petit déjeuner, je pars de Garris par un petit chemin herbeux comme il est noté sur le guide. En ce moment c'est pas bon de lire"jolie petit chemin herbeux" , en général ça ressemble plus à chemin pour funambule aquatique bouillasseux. Par contre, comme il faut toujours voir le côté positif, le chemin que je descends est accompagné sur le côté par un petit ruisseau qui chante, et des centaines d'oiseaux qui semblent se moquer de moi avec les pieds dans la boue et en train de faire de l'équilibre pour ne pas tomber dans les mares . Ça sent bon avec ce petit soleil matinal et les couleurs sont superbes. J'en profite à fond , j'ai tout mon temps aujourd'hui.

Arrivé à Saint Palais, je fais mes courses pour mon pique-nique et je traverse cette charmante petite ville. Dès la sortie on attaque par une longue côté qui doit m'amener à la stèle de Gibraltar. Rien à voir avec le Rocher du même nom, il s'agit d'une stèle qui marque la réunion des trois chemins, Tours, Vezelay et Le Puy. La stèle est posée sur un socle où est gravée d'un côté la croix des chevaliers de Saint Jacques et de l'autre un Bourdon et une calebasse. Le nom de la stèle vient en faits une déformation progressive du nom basque "carrefour saint sauveur", Chabaltore en basque qui est devenu Chibaltar, Chibraltar et Gibraltar... Vous savez tout.

Par contre on est dans le pays basque, tout proche des Pyrénées quebĺon commence enfin à voir derrière les nuages. Et dans le pays basque, quand on ne descend pas, on monte, et on monte bien d'ailleurs, il n'y a qu'à voir ma tête!!

On passe sur un plateau où il y a une petite chapelle de pèlerin (Chapelle de Soyarza) avec une table d'orientation. Quand j'arrive en haut, le soleil est là, j'ai une superbe vue de toutes les vallées environnantes, et j'ai un groupe de 6 vautours en chasse au-dessus de moi, c'est juste magnifique. J'ai à ce moment un sentiment de liberté et de sérénité total. Je me pose 15minutes pour savourer ce que je vois et ressents.

Je reprends ma route qui chemine à travers bois et longe des prairies dans lesquelles le mouton est roi. Dans une cote je "distingue" les pieds traînants de pèlerins... Après les avoir rejoint, nous finissons le parcours jusqu'à Ostabat ensemble. Il viennent de Saint-Étienne et sont partis le 23 avril, c'est leur dernier jour, ils s'arrêtent demain à Saint-Jean-Pied-de-Port.

Je rejoints mon gite (une ferme gîte) avec 40lits. Ce soir nous serons 25. Arrivé le premier je m'installe et je finis ma journée installé dans un transat au soleil. Le gîte se remplit et l'heure du dîner sonne( notre hôtesse passe dans les couloirs avec une cloche...) ici on dine à 19h... Et le mari lui il chante en basque et nous raconte la vie dans le pays basque. Il y a à table un couple d'Australien, 1Suisse, 2 allemandes et un groupe de Breton...la moyenne d'âge est certes élevée, mais la bonne humeur est la et tout le monde participe à la chorale, car bien sur on doit aussi chanter...

Et la bonne surprise c'est qu'à la fin du repas on me dit qu'il y a du wifi... Mais vite car demain matin le petit déjeuner est servi entre 7h et 8h et après on doit partir...c'est comme ça ici... L'étape de demain est ma dernière en France, j'ai fait hier la moitié de mon parcours, 856km. Demain avec mes 25km, j'en aurai fait 900km...je n'en reviens toujours pas, et en plus je suis heureux...

Bon dimanche à tous.

Confitures maison pour le petit déjeuner ce matin. La spécialité de la région c'est le Kiwi, première région française en terme de production, celui qui a introduit le Kiwi en France il y a près de 40ans à remarquer que la région à de grandes similitudes climatiques avec la Nouvelle-Zélande où il avait voyagé. Et maintenant c'est "la"production de toute une région.

L'étape du jour fait 30 km, et après les prolongations d'hier, je ménage mes jambes et mes pieds en partant doucement. Le ciel est lourd et bien chargé et j'espère bien ne pas recevoir sur la tête ce qui est tombé dernièrement...

Aujourd'hui pas de grands routes à remonter, juste des chemins et des routes qui serpentent entre les fermes et les forêts. L'empreinte Basque se fait sentir et c'est un vrai plaisir que de marcher dans ce cadre. J'ai la tête ailleurs malgré ces chemins qui montent et qui descendent, ça "bistourne" dur...

Quelques "locaux" viennent me voir à mon passage, jusqu'à ce passage de "La Bidouze" qui marque mon arrivée en pays Basque. C'est incroyable...je suis encore et déjà là!!

Dire qu'il y a 10 jours, je pensais renoncer et rentrer...le Chemin m'a appris la patience et à donner du temps au temps pour décider. Et j'en suis ravi.

Je fais attention à mon effort carte n'ai pas de quoi manger aujourd'hui, il n'y a que des hameaux et pas un seul commerce. Je fais aussi attention à la pluie qui est une fois devant moi et une fois derrière...

J'arrive vers 14h à Garris, petit village basque en haut d'une colline. Tout en Blanc et rouge Il est d'une unité architecturale presque parfait.

Ce soir je reste au calme dans mon petit hôtel et je vais me reposer après mes 70 km en deux jours. Mais je me sens bien et suis serein et heureux...même si je n'ai toujours pas revu les Pyrénées... Peut-être demain, il paraît que la météo s'améliore ce week-end.

Demain c'est presque le week-end avec une étape de 15km..joie du découpage des étapes!

Étape de transition entre Landes et Chalosse. En théorie 26km...on verra qu'on peut faire beaucoup mieux!

Les sorties des villes sont toujours aussi désagréables...4km à remonter une route face aux voitures et aux camions sans vraiment de bas côté. Je commence à avoir l'habitude mais quand même. Par contre des qu'on sort de cette portion, on attaque des petites routes très sympa avec personne dessus, sauf moi... L'autre surprise de la journée c'est la différence entre les Landes d'avant Dax et après Dax. Presque d'un seul coup, terminé la platitude et les pins avec de grandes lignes droites. Ici ça monte et ça descend, et les chênes ont pris la place des pins. On trouve des fleurs au beau milieu de la forêt (Anturiums?) et des ruches cachées sous les arbres. Le paysage et les maisons ressemble de plus en plus au pays basque, mais on y est pas encore.

La météo est incertaine et les nuages noirs défilent rapidement dans le ciel. Je n'ai pas encore mis la combinaison, mais je me tiens prêt et 30 minutes plus tard, c'est l'arrosoir . A Cagnotte ( petite chienne dans le patois local) , je retrouve les pèlerins dont j'avais pisté les pas la veille. Ils se sont arrêtés pour déjeuner entre deux averses et viennent à ma rencontre quand ils me voient. Ils sont Anglais, Mary and Paul, lui parle bien français, mais elle pas trop et on échange en anglais. Ils sont la banlieue de Londres et sont partis le 1er avril du Mont Saint Michel. Ils ont voyagé pendant 2 jours avec Jean-Marie, mon pèlerin aixois avec qui j'ai papoté y a deux jours.

Apres 15 minutes de discussion je les laisse déjeuner et repars vers Sorde l'abbaye. Au sommet d'une cote, entre la cime des arbres et les nuages bas, une masse soudain apparaît...j'ai la chair de poule. Prochain plus haut j'en aurai confirmation.

En fait je ne reverrais plus mon apparition, les nuages sont trop lourds et obstruent l'horizon. Je dois me concentrer sur le parcours car entre le guide et le balisage au sol, il y a des contradictions, voire des consignes de ne plus suivre le balisage qui est faux! Forcément à un moment ça part en vrille...je retrouve un balisage qui devrait être le bon, mais qui m'emmène à travers bois dans des chemins gadouilleux au possible et beaucoup trop loin par rapport à ma ville cible. Je dois en effet passer par Peyrehorade pour faire des courses pour le dîner de mon gîte de ce soir et pour demain. Sauf que je sors de la forêt 7km trop loin, que je suis obligé de refaire sur une route en sens inverse et comme toujours face aux camions. Donc au total c'est une journée à +12km, soit 38 au total. Autant vous dire que quand j'arrive à ma maison d'Hôte, je suis "un peu fatigué"...

Ce qui ne m'empêche pas d'aller visiter les ruines de l'abbaye de Sorde, qui était une étape très importante et très développée au XVIIème, avec notamment d'étonnantes granges batelières qui permettaient de recevoir directement par bateaux les marchandises et les stockées dans les bâtiments. Ce sont les seules granges de ce type, les autres étaient à l'abbaye de Hautecombe sur le Lac du Bourget mais pas aussi grandes.

J'ai retrouvé à Sordes mes amis Anglais et nous faisons la visite guidée gratuitement de l'abbaye car nous sommes pèlerins.

Je rejoints ma maison d'hôte qui est très belle, maison de famille depuis 40ans tenue par des femmes, les maris sont décédés ou partis... Mon hôtesse est adorable et le soir en descendant pour dîner je fais la connaissance d'une de ses filles qui habite une maison à côté. La cheminée est énorme du type avec une chaise que l'on peut mettre à côté de l'âtre pour se réchauffer. Sa fille a déjà fait le chemin une fois, elle s'occupe de l'histoire de Saint Jacques à Sorde. Elle part tous les ans sur un autre tronçon, c'est devenu une philosophie de vie pour elle. On a discuté une bonne partie de la soirée et je les laisse car je suis épuisé de ma journée et demain j'ai encore une étape de 30km...il est temps de fermer les yeux.