De mon coté nuit reposante et réparatrice. Le dos de Marc va bien anti-inflammatoires aidant, par contre Emmanuel est encore passé par chaleur et froid cette nuit... combien de temps cela va-t-il durer?? Compte tenu de la journée à faire, le petit déjeuner est à 7h30 pour un départ 8h30 dernier délais. Ambiance familiale dans ce gîte, on a l'impression d'être "à la maison" et tout le monde parle de la marche du jour.

Le temps de refaire les sacs et on part doucement vers le passage obligatoire...les stations du calvaire vu hier en arrivant, j'espère que ce n'est pas un signe!! Les deux jeunes femmes sont déjà devant nous et on les aperçoit près d'une petite chapelle. Après nos "stations" le chemin monte en pente douce le long de la montagne, on prend notre temps mais on sent que ça va être difficile pour Emmanuel aujourd'hui. On arrive à notre tour à la chapelle "Notre Dame des 7 douleurs", que l'on dédit bien sur à Emmanuel en plaisantant, à moitié...

Notre chemin continue à monter gentiment jusqu'au vieux village de Malrif qui a compté jusqu'à 150 habitants au milieu du 19eme siecle et qui est en ruine aujourd'hui à l'exception de 3 maisons qui ont été restaurées et une dernière qui est en cours. Surplombant ce hameau, on trouve une chapelle et un  clocher type campanile italien mais complétement désolidarisé. Il est posé sur un piton rocheux qui devait avoir l'avantage de pouvoir prévenir tous les habitants dans cette vallée encaissée. 

Petite pause rafraichissement et notre chemin continue à travers une partie boisée et fraiche qui longe le torrent qui descend des différents lac plus haut. Une fois passé cette zone on traverse par une passerelle le torrent et on attaque la partie bien plus raide qui doit nous mener au lac du Grand Laus. Les pâturages au fond de la vallée sont très beaux mais on a que peu l'occasion de les admirer tant la déclivité est importante. C'est du step sur du rocher instable. Souffle court et concentration pour pouvoir atteindre un plateau plus haut qui permettra de se reposer après ces raides lacets. Je suis devant à environ 45 minutes du lac, l'effort sera constant jusqu'au bout, quand mon téléphone bip... je m'arrête sur un replat pour souffler et prendre mon téléphone...Message d'Emmanuel qui n'en peut plus et qui redescend en nous prévenant qu'il essaiera de nous rejoindre au refuge suivant. J'attends l'arrivée de Marc, on reprend un peu de force et bien sur on redescend à notre tour rejoindre Emmanuel qui se traine même dans la descente. Fin de partie pour tous, on décide de retourner à Abriès,  de rentrer sur Ceillac pour récupérer la voiture et partir dès ce soir sur Aix-en Provence. On part à trois on rentre à trois... et on reviendra à trois pour finir notre randonnée avec d'autres variantes dans ce magnifique Queyras.

Dès le lendemain Emmanuel a consulté et fait des examens. Des bilans complémentaires sont nécessaires, des premiers antibiotiques devaient lui permettre de rentrer sur Paris le vendredi matin. Les examens n'ont pas encore tout dit, on attend la suite des résultats mais au moins il est chez lui et sous surveillance.

De mon coté ces 4 jours m'ont permis de me tester sur ma résistance à l'effort, tout va bien et j'en suis ravi. La randonnée en montagne est bien sûr très différente du Sentier des Douaniers, même si sur certaines partie j'ai fait jusqu'à 1100m de dénivelé!! Pour ce qui est de la Bretagne, je compte bien repartir à la rentrée pour reprendre à Douarnenez mon chemin. Il me reste 900km à faire pour boucler le GR34, je ne ferai pas tout d'un seul coup, mais au moins la moitié pour pouvoir le finir au printemps prochain.

D'ici là portez vous bien et faites attention à vous. Bises à toutes et tous .

PS: Un grand merci à Marc pour la préparation et l'organisation de cette randonnée qui nous verra revenir l'année prochaine et à son épouse Catherine pour leur accueil dans leur maison Aixoise.

Très mauvaise nuit avec beaucoup de bruit dans le dortoir causé principalement par 2 randonneurs raleurs et qui en plus ont laissé la fenêtre ouverte toute la nuit, et aussi par l'altitude du refuge à 2580m. Sans adaptation c'est rare de bien dormir à cette hauteur. Même si il est idéalement placé, juste au pieds du Pain de Sucre, 3210m, à la frontière Italienne et proche du Mont Viso, 3848m, que l'on verra un peu plus tard dans la matinée. Quant à Emmanuel, la nuit ne s'est pas bien passée non plus, entre froid et grosse transpiration... mais le matin il dit que ça va aller, prend un Aspégic avec son petit déjeuner et ça calme pendant 3ou 4h, mais on sent bien qu'il y a quelque chose qui ne passe pas.

Petit déjeuner à 7h30, c'est le régime refuge, tout le monde est là et on fait le plein de sucre lent et de miel de montagne... Préparation des sacs et à 8h25 on est déjà sur notre chemin. L'itinéraire du jour c'est de monter au Col Vieux, 2806m, admirer le paysage, et descendre près de 1100m de dénivelé , en longeant les Lacs Foréant en premier qui se jette par un torrent dans le Lac Egourgéou. De là on continuera à descendre à travers une belle forêt jusqu'au  lit du Guil à 1700m environ. Et normalement, si tout va bien, on remonte en face sur les crêtes (Colette) de Gilly qui doivent nous permettre d'avoir un panorama exceptionnel sur deux vallées. Cette variante a juste un handicap, elle nous rallonge de 4h pour arriver à Abriès notre point d'étape du soir, donc on verra le temps de descente et notre état général en bas!!

La montée au col Vieux se fait tranquillement et déjà quelques groupes sont devant nous. Certains montent au Pain de sucre et d'autres suivent notre chemin. Au col la vue est dégagée et on a une belle vision sur toute la vallée et le lac Foréant juste au dessous de nous. La première partie de le descente se fait sur des névés et on s'équipe de nos guêtres pour les passer. Il est encore tôt et la neige devrait résister à notre passage, mais dès qu'on s'y engage on la sent "molle". Sur un pas déséquilibré je tente de me retenir sur mes bâtons qui s'enfoncent complètement (1,3m). Donc on y va en douceur tout en admirant le paysage qui est magnifique avec le soleil qui nous arrive dans le dos. Arrivé au premier lac c'est magnifique avec une grande partie encore prise dans la glace, seuls les bords sont libres, et déjà les poissons sont là!!

On poursuit notre descente en longeant ces "escarpés" qui brillent encore de glace comme des miroirs accrochés à la roche. Sur un replat on a droit à un jeux de marmottons qui se courent après sans se préoccuper de notre présence. Bien plus insouciants que les adultes, il faut bien que jeunesse se passe, ils sont souvent la cible des aigles et autres prédateurs. De notre coté on est juste sous le charme de cette belle  nature. Le chemin pour rejoindre le second lac est plus abrupte et très rocheux, donc prudence pour tous. Emmanuel fatigue déjà... En contre bas on peut voir des bergeries d'alpage, où on l'apprendra le soir au gîte, une quarantaine de chamois broutaient tranquillement la semaine dernière. On voulait voir du gros gibier, à priori c'est eux qui nous regardent!!

Pause ravitaillement après le deuxième lac, il reste une grosse partie de descente à faire et ça tire dans les cuisses, et pour tous les 3... Nous glisserons sur notre chemin à travers la forêt  jusqu'à 12h30 environ pour déjeuner à l'ombre des mélèzes dans une grande prairie fleurie avec une belle vue sur le Mont Viso, c'est un moment de plénitude et de beauté intense.

En repartant nous prenons conscience que notre objectif de remonter sur les crêtes est illusoire, et que le plus raisonnable est de suivre la vallée du Guil et de rejoindre Abriès qui est encore à près de 9km... d'autant qu'Emmanuel est fatigué de la descente et que Marc boite bas, un pincement discal lui donne des douleurs sur un  genou. La fin de la journée sera petite vitesse et grande lenteur pour tous. Notre chemin serpente dans la vallée du Guil jusqu'à Abriès que nous traversons. En arrivant sur le village on remarque une église en hauteur et les stations du chemin de croix qui y montent, on espère juste que ce ne sera pas le notre. 

 Marc a réussi, comme à St Véran à réserver un très beau gîte...à la limite du village et surtout sur les hauteurs, histoire de finir sur une dernière poussée sur les bâtons!! Mais l'effort est récompensé car " L'ancolie bleue" est beau, confortable et les propriétaires très sympas. Ce soir nous serons 3 dans un dortoir de 6, ce qui est très agréable et devrait permettre à tout le monde de se reposer, et surtout Emmanuel. Dans notre gîte nous retrouvons 2 "groupes" que nous avons déjà croisé à Agnel et à St Véran pour l'un d'entre eux. Que des filles, 3 jeunes courageuses qui randonnent pour la première fois en montagne et 2 jeunes femmes entre 25 et 30 ans qui ont une sacrée santé et qui enchaînent les côtes de façon impressionnante. On doit normalement les retrouver le lendemain au refuge des Fonds de Cervières. Mais en discutant avec les propriétaires du Gîte nous sommes mis en garde sur le passage du col qui est très enneigé comme à Agnel et qui jusqu'il y a deux jours était infranchissable sur sa partie descente sur environ 500m de dénivelé. Le refuge fait son ouverture avec nous comme premiers clients et on arrive pas à le joindre pour avoir des infos que l'on finira par avoir après le diner...ça devrait pouvoir passer avec la chaleur des derniers jours!! Donc on décide de tenter la course, et comme les filles sont plus rapides que nous à la montée on verra si on ne s'attend pas en haut pour descendre tous ensemble histoire de se rassurer...

Le diner sur la terrasse a été très sympa et bon. On a bien papoter sur les randonnées que chacun avait fait ou aimerait faire, et après une "eau chaude" pour bien dormir tout le monde est parti se reposer pour préparer ce qui devrait être encore une belle et dure journée avec un col à 2900m et quelques lacs à longer.

Pas trop mal dormi cette nuit avec un lit plus facile pour ma taille mais c'est surtout l'altitude à laquelle il faut s'habituer. Dormir presque du jour au lendemain à plus de 2000m n'est jamais aisé. Par contre Emmanuel passe de la transpiration au grelotement pendant la nuit. L'insolation semble être une piste? Les antipyrétiques fonctionnent quand il en prend mais ne traite pas le problème de fond si il s'agit d'autre chose. 

Le changement d'itinéraire est confirmé et définitivement nous ne passerons pas par le Col de Chamoussière à 2884m, mais par le Col de Longet à 2700m. Autant la première partie est très belle, tant à la montée qu'à la descente, autant dès que l'on arrive sur la route du col d'Agnel qu'on doit suivre sur 8km c'est un calvaire!! Non seulement on marche sur une route mais en plus c'est un four, la route nous renvoyant la chaleur par le bas. Les petits ruisseaux sur le bord de la route permettent de se rafraichir la tête, et de tremper la casquette pour rester "frais" pendant quelques minutes mais il faut vraiment faire un effort  pour finir cette étapes. Je pars devant car si je marche à la vitesse d'Emmanuel je me dis que je vais finir sur les genoux. De son coté les 1500m de dénivelé d'hier sous le soleil ont laissé des traces. Avec Marc on se "rassurent" en pensant que c'est un coup de chaud, il ne se plaint de rien d'autre... 

J'arrive en vue du refuge et je fais les derniers efforts pour me poser sur la terrasse et attendre mes deux amis. Le refuge est gros mais il vient d'ouvrir et ne recevra ce soir qu'une trentaine de randonneurs sur environ plus de 100 quand il est complet. Dès l'arrivée de mes deux compères on prend nos lits dans le dortoir, 7 personnes ce soir au total, et on file à la douche à prendre avant 18h30 car chauffage solaire de l'eau et après cette horaire l'eau est réservée à la cuisine et la vaisselle!! 

Repos sur la terrasse où l'on papote avec d'autres randonneurs dont 3 qui sont descendus par le col de Chamoussière et qui ont eu du mal sur la descente avec de la neige jusqu'au hanche...du coup ils sont un peu trempés mais indemnes!! Emmanuel ne va pas mieux et se repose en dortoir...

On est à 2580 m et le soir quand le soleil se couche il fait vite frais surtout si un petit vent se met à souffler. Ce qui est sympa c'est que tout autour du chalet il y a plein de marmottes qui courent partout, pour être dépaysant on ne peut pas trouver mieux!!

Diner copieux et bon pour un refuge, qui vient d'ouvrir, et il fait chaud dans la salle de restauration, ce qui fait du bien. Demain petit déjeuner pour tout le monde à 7h30 pour un départ avec passage de col et longue descente sur Abriès en passant par des lacs de montagne. On aura surement des névés à passer et on a préparé nos guêtres. Pour le moment, repos !! 

Comme prévu, mal dormi avec mon "petit lit", les barres au bout c'est vraiment ce que j'adore! Par contre silence de montagne et réveil à 5h avec le chant des oiseaux, je ne pensais pas en trouver autant en montagne. Petit déjeuner solide et départ à 8h25 précise, en douceur et dans la bonne humeur, en montagne on ne court pas, on marche au pas de sénateur en direction de St Véran notre étape du jour, plus haut village d'Europe. Et tout le monde à l'air en bonne santé, ce qui ne durera pas malheureusement...

Les paysages sont splendides et on en prend plein les yeux. Il y a eu quelques avalanches et très gros orages qui ont depuis 1957 fracassés quelques hameaux au-dessus de Ceillac. Notre chemin alterne entre prairie au soleil et forêt de mélèzes et c'est très agréable pour marcher. Une petite dizaine de randonneurs nous accompagnent sur le même chemin, sans parler des premières marmottes toujours en alerte pour la communauté surtout si un chien de promeneur s'approche dans la prairie, tout le monde disparait aux abris.

Le chemin prend de l'altitude et de la raideur, premières grosses suées car il fait chaud même si il est encore tôt au soleil. Je n'ai qu'une gourde d'1 litre et je sais déjà que je vais être en manque, mauvaise préparation pour moi, dès ce soir à St Véran j'en achète une seconde... Train de sénateur aidant et souffle court on arrive au col des Estronques à 11h15. La montée a été un peu rapide et il faudra ralentir pour les jours prochains, d'autant qu'Emmanuel semble avoir des soucis, ce n'est pas son genre surtout en montagne où il est avec son gabarit plus à l'aise que moi. Marc monte à sa vitesse mais il avance bien. Pause avant de redescendre pour reprendre un peu souffle et force, j'économise mon eau, c'est pas bon...

La descente est aussi fatigante que la montée, les cuisses chauffent sur le chemin de pierres et sur les névés qui perdurent. On longe une prairie "à marmottes", ça court partout et ça siffle à notre arrivée. Elles ne sont pas encore bien grosses par ici, ça viendra!! Vers 12h30 pause déjeuner à l'ombre et repos pendant 45 minutes. Tout le monde souffle et avale son pique-nique avant d'aborder une longue descente jusqu'au bas de St Véran. Heureusement on croise des cascade sur notre chemin qui nous permettent de nous rafraichir la tête. La mauvaise surprise c'est qu'on a encore un peu plus de 200m de dénivelés à grimper par un raide sentier pour arriver à notre gîte "Les Gabelous", et sous le soleil...ça nous ratatine complètement cette fin de journée, et surtout Emmanuel qui est à la peine. Le bonheur du jour c'est comme toujours la douche après l'effort, puis repos et une petite bière des Alpes bien fraiche, un régal!! 

Emmanuel est très fatigué et a peut-être pris un coup de chaud/insolation? Réhydratation et Aspégic devrait l'aider à récupérer. On va faire un tour dans ce beau village, le plus haut d'Europe (en prenant le centre du village et son occupation permanente...) et j'en profite pour acheter ma gourde ce qui me fera 2l à porter dans mon sac à dos mais obligatoire avec la chaleur et l'effort fourni . La saison à commencer doucement depuis une quinzaine de jours et tous les commerçants sont heureux de retrouver de l'activité. L'année dernière la saison estivale a été en surchauffe pour le tourisme en montagne, le village était plein a craqué et tous les gîtes refusaient 20 clients par jour, et pour cette année les réservations affluent, tant mieux pour eux.

De retour au gîte on discute avec les jeunes propriétaires qui ont repris cette affaire familiale qui est dans la famille depuis un siècle...pas mal non!! bref ils nous annoncent que notre parcours de demain devra être modifié pour cause de neige trop importante au col de Chamoussière à 2884m et surtout en redescendant sur le refuge d'Agniel. On va avoir de la neige qui a travaillé avec les pluies et le soleil des derniers jours et donc un manteau neigeux instable et profond d'1,5m sur un sol caillouteux qui peut "partir" sous nos pieds... donc changement d'itinéraire qui passera par le col du Longet à 2700m et descente sur la départementale qui monte au col Agniel et  que l'on devra suivre pour atteindre le refuge Agniel qui se trouve juste en dessous. Ceci ne nous enchante pas mais on a pas d'alternative.

Ce soir repos complet et bon repas pour reprendre des forces, demain la journée sera longue!!     

Et voilà, on part enfin...Gare de Lyon, direction Aix-en-Provence où Marc, l'organisateur de la randonnée, grand sportif et qui connait bien toute la zone du Queyras, nous attend pour nous emmener chez lui pour un déjeuner en famille et partir rejoindre Ceillac, notre étape de la soirée après 3h de route. Il fait chaud mais le ciel est dégagé et c'est le plus important car on redoute les orages sur la semaine. Installation au gîte et dans notre chambre dans laquelle les lits n'augurent pas une excellente nuit avec les barreaux au bout pour mes jambes, et petite promenade dans le village qui a vécu des heures sombres il y a quelques années avec des crues qui ont détruit une partie du village. Quand les orages tombent ici c'est un peu comme un épisode Cévenol ça emporte tout. Diner tôt et sympa au gîte car demain première montée et premier col des Estronques à près de 2700m, ça va tirer dans les jambes... Ici c'est moins les kilomètres qui comptent que le dénivelé sauf si on a les deux!!